Genèse du film

Tout sur le film

Genèse du film

C’est la rencontre de personnes, d’un monde, celui des militants de l’eau, de leurs idées et de leurs actions qui a donné naissance à ce film.

Depuis mon enfance, l’eau est pour moi un élément primordial. Dans l’eau, je me sens comme un poisson. D’ailleurs tous les militants, rencontrés au fil de 4 années de tournage, ont un lien ou un souvenir particulier avec l’eau. Pour certains ce sont les baignades, dans la mer, des rivières ou la baignoire, pour d’autres des jeux dans l’eau ou avec l’eau, des parties de pêche, des voyages sur l’eau, ou tout simplement un grand verre pour étancher sa soif. L’eau est dans tous les aspects de nos vies. Sans eau, pas de vie !

Tout a véritablement commencé lorsque j’ai rencontré Stefania Molinari. Au bout de quelques minutes de conversation à bâton rompu sur la gestion de l’eau en France, ma décision est prise de faire un film sur le sujet avec elle comme fil rouge. Faire un film sur ces femmes et ces hommes, ces citoyens, sur leur histoire : le combat de l’eau pour tous.

Très rapidement, Stefania me fait rencontrer les personnalités militantes de l’eau. Jean-Claude Oliva, président de la Coordination Eau Ile-de-France, Danielle Mitterrand et sa Fondation France Libertés, Jean-Luc Touly, salarié de Veolia et syndicaliste, Marc Laimé et son blog incontournable les Eaux Glacées, Anne Le Strat, à l’origine du retour en régie publique de la gestion de l’eau à Paris, et bien d’autres encore. Ensemble, ils maitrisent les pièces du puzzle complexe de la gestion de l’eau et informent les élus, les collectivités.

Les défis sont énormes. La majorité des français ignorent même la situation : tant que l’eau coule au robinet, tout va bien. Pourtant, la délégation du service public de l’eau pose de nombreux problèmes : tarifs, accès à l’eau, pollution, gaspillage, gouvernance, transparence. Des multinationales, en France comme à l’étranger, s’approprient ce bien. La clientèle captive n’a pas d’autre choix que d’acheter, à des prix élevés, le strict nécessaire à sa survie, car il est impossible de se passer d’eau et que les distributeurs sont presque toujours en situation de monopole…

J’ai voulu aussi construire un documentaire vivant, sans interview d’experts, mais avec des scènes de vie et d’action de ces femmes et hommes, avec leurs doutes, leurs hésitations, leurs échecs et aussi leurs victoires. J’ai voulu exposer enfin au grand jour ces militants de l’ombre et faire en sorte que les paroles de citoyens deviennent des paroles de spécialistes de haut vol, sans intérêt personnel ou mercantile, porteurs de l’intérêt général.

Vague Citoyenne, a pour but, non seulement de sensibiliser aux problématiques de l’eau, mais aussi de montrer qu’il est possible de faire bouger les choses. Tous ces activistes de l’eau ont, par leurs actions diverses et variées, contribué à ce que l’eau soit reconnue comme un bien commun. Localement, ils permettent aussi aux élus de faire d’autres choix, plus justes, plus démocratiques.

 


 

Genèse du mouvement pour l’eau bien commun

en France…

La France, berceau des multinationales de l’eau, est devenue le foyer des contestations. Les années 1990 où ces sociétés régnaient sans partage, ont vu croître avec le montant des factures, l’indignation des consommateurs, mais sans beaucoup de conséquences immédiates.

L’affaire Carignon qui éclate en 1995 et mène à la condamnation du maire de Grenoble pour corruption impliquant des distributeurs d’eau, constituera un tournant annonciateur d’un changement d’époque. La loi Sapin (1993) limite la durée des contrats de délégation de service public (DSP) aux entreprises ; du coup, la fin de la plupart des contrats de DSP pour l’eau se concentrera sur une courte période entre 2010 et 2015. Ce qui aura pour effet aussi de multiplier et de rendre plus visibles les débats sur l’intérêt de renouveler ou non les contrats et celui de la gestion publique en régie.

Cette fenêtre historique des fins de contrats voit aussi monter un mouvement citoyen qui remet en cause la double délégation au cœur du système français de gestion de l’eau : la délégation par les villes de l’exploitation du service public aux entreprises, et la délégation par les électeurs des décisions aux élus. L’usager citoyen revendique une place dans la gestion de l’eau aussi bien au quotidien que sur les grandes décisions comme le choix du mode de gestion publique ou privée. La démocratie devient le fil rouge d’un combat dans lequel des revendications sociales, environnementales et politiques se croisent et s’enrichissent mutuellement.

…et dans le monde

Les années 2000 voient d’abord le forcing des multinationales françaises, Veolia et Suez, pour s’imposer partout dans le monde, puis très vite, un reflux, basé sur l’expérience catastrophique pour les populations de leur gestion.

Le cas le plus emblématique est celui de la ville de Cochabamba en Bolivie où se déroulera une véritable guerre de l’eau : non seulement la multinationale (Suez) sera chassée, mais ce mouvement populaire sera à l’origine d’un changement de régime politique au niveau du pays. En parallèle un mouvement monte à l’occasion des forums mondiaux de l’eau organisés par les multinationales, des forums alternatifs organisés par les mouvements sociaux, réclament voix au chapitre.

Par un juste retour des choses, c’est à l’initiative de la Bolivie que la reconnaissance du droit humain à l’eau et à l’assainissement sera votée par l’assemblée générale des Nations Unies, le 28 juillet 2010. Aboutissement de vingt ans de luttes, cette reconnaissance va donner encore plus de poids au refus de la marchandisation de l’eau. Le Forum alternatif mondial de l’eau en 2012 à Marseille verra la convergence du mouvement en France et dans le monde et la consécration de l’idée « eau bien commun », nouvel horizon des activistes de l’eau du monde entier.